jeudi 2 septembre 2010

J'écoute un morceau ambient de ILDJARN qui semble sortir du même synthé que B12 - et donc je pense à B12.

Axiome : le choix d'un synthétiseur plutôt qu'un autre est plus qu'un choix de matériel, c'est même plus que le choix d'un style de musique. C'est le choix aussi de toute l'époque à laquelle il a été produit et de tout ce qui a été fait d'autre avec ce matériel, et que ses sons évoqueront par association d'idées.

mardi 25 mai 2010

J'écoute "The Summerlands" et je me souviens du son puissant de la musique lorsqu'elle sortait des enceintes de mon synthétiseur.

La version tremblotante, affligée du souffle et des fréquences étouffées typiques d'un enregistrement sur cassette, me paraît bien pitoyable en comparaison.

Mais au fond, c'est très bien qu'il en soit ainsi. Ce son fragile, diminué, est à l'image de mes souvenirs de cette époque déjà lointaine. Il est l'image sonore du temps qui a passé, qui voile et dégrade tout, et qui me sépare de la source vivante.

mardi 6 avril 2010

Le bunker blues vient de la nostalgie, du sentiment de perte et de dépossession d’une innocente originelle, d’une primitivité saine, d’un Eden dont nous avons été chassés.

"Sapiens"

"Robinson's Requiem"

Tribu. Primitivité.

Le bunker est comme une caverne. Lieu de vie des premiers hommes, mais aussi tombeau. Autres types : une chambre d’adolescent. Un utérus.

La caverne et le bunker représentent la verticalité, l’intériorité, l’obscurité. La steppe représente l’horizontalité, l’extériorité, la lumière.

"Moya" : indiens d'Amérique et bombe A.

La mauvaise primitivité de l'homme moderne.

Sortir du bunker, trouver une steppe vide. L'hostilité du monde.

Mais aussi la possibilité d'y construire quelque chose (à nouveau ?)

Terre battue par les vents (de l'Histoire, de l'Esprit, etc)

"Passagers du vent"

Bunkers de Hoste et de Meuse.

mardi 9 mars 2010

En voiture sur les routes désertes de Meuse, en allant de village en village avec Laurence, en longeant des champs et des vergers interminables, j'avais des hallucinations où se mêlaient des fichiers WAV visualisés sur Audacity, des kilomètres de bande magnétique, des arbres, et comme dans un trip sous LSD j'imagine, une équivalence mystérieuse s'opérait entre toutes ces choses, par exemple j'assimilais le souffle des cassettes à de l'espace sonore, et les arbres à des événements qui prennent lieu dans l'espace, en l'occurrence, des sons, qui se produisent sur fond de souffle.

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Les ondes sonores, dans un logiciel comme Audacity ou Wavelab, ressemblent parfois à des forêts de sapins au loin.

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Le souffle qui précède la musique quand on lance une cassette, c’est le son qui indique qu’on entre dans un autre monde, où quelque chose va arriver ; en l’occurrence, de manière fortuite, de la musique.

Ce souffle est l’image sonore de l’immense étendue d’un autre espace-temps, dont l’image est gravée sur la bande.

Le souffle électronique est l’équivalent audio de l’espace dans lequel se disposent et arrivent les choses. Pas un parasite. Pas le son du vide, de l’absence. Mais une trame, un fond, présent, perceptible, comme on peut percevoir le grain de la toile, sous la peinture.

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La base de ma musique est le souffle. Le cliquetis et les bruits produits par le déclenchement ou l’arrêt d’une cassette. Le ronronnement d’un lecteur de disquettes. Et les vieux sons d’un clavier PCM ou d’une Soundblaster ancestrale. C’est le fétichisme des vieilles machines dépassées, oubliées, qui avaient leurs limites mais qui aujourd’hui paraissent tellement plus charnelles que les synthés VST, etc.

Il n’y a aucun discours théorique à développer sur ce sujet. Il ne s’agit que de préférence personnelle, liée à mon âge, aux technologies en présence desquelles j’ai grandi. On regrette le DX7 comme on regrettait l’accordéon des bals musettes de sa jeunesse.

Il s’agit de poésie technologique ; quel que soit le thème abordé par l’artiste, ou le style exact de musique qu’il joue. La poésie provient de la machine même, pas de l’intention de l’artiste.