samedi 13 janvier 2024

J'ai téléchargé un paquet de VST ces derniers jours, avec une petite pointe de nostalgie du début des années 2000, à cause de leur interface parfois grotesquement "science-fiction", qui évoque déjà je ne sais quel rétrofuturisme encore à venir, et parce que j'ai quand même passé quelques années à ne bosser qu'avec ça (parallèlement à mes compos pour Maelifell ou FDS qui elles se passaient entièrement de PC).

Il y a une certaine pureté dans le fait de ne composer qu'avec un PC, un séquenceur, des VST, et éventuellement un clavier maître. J'ai toujours détesté les enchevêtrements de câbles, les mille et un problèmes de branchements, de compatibilité, de réglages MIDI, de latence, etc... De ce point de vue le travail en studio chez Xavier ou chez moi a parfois des allures de supplice.

Les VST ont leurs propres défauts et leurs propres limites, bien entendu – ils sont froids et se ressemblent souvent beaucoup trop, et après en avoir passé X dizaines en revue on est tellement saturé de sons identiques et décourageants qu'on envisagerait presque après soulagement d'arrêter toute activité musicale. Mais je crois quand même en avoir trouvé quelques uns qui me manquaient, en terme de "types de sons", d'ambiances... Notamment d'excellents pads ambient très 90's et des percussions FM mi-tribales mi-métalliques.

L'idée derrière tout ça est de composer avec des sons que j'utilise rarement (ou n'ai même jamais utilisé jusqu'ici) pour me renouveller musicalement et donner naissance à des compos dont je ne sais pas encore, et ne veut pas savoir par avance à quoi elles ressembleront, à quel "style" on pourra les assimiler, si tant est qu'il faille justement s'assimiler à un style ou une scène. Je recherche la sensation d'avancer totalement à l'aveugle, dans l'inconnu, sans aucun déterminisme, sans idée préconçue, sans but.

Depuis un certain nombre d'années j'ai pu constater que mes meilleurs albums, ou du moins ceux que je préfère, sont ceux qui n'étaient pas prémédités, qui se sont construits en quelque sorte tous seuls, au fil du temps et du hasard des découvertes en matière de samples ou de VST ; j'ai la conviction profonde que chaque synthé, chaque banque de samples ou de presets, "contient" en germe son propre genre musical et les morceaux qui y correspondent. Il suffit d'en changer de temps à autres et de se laisser porter ; la musique se crée d'elle-même. Et il est bon de ne pas tout contrôler, de pouvoir être surpris et changé par ce qu'on a soi-même crée ou contribué à créer, comme le simple canal de transmission d'un message venu de Dieu, ou de son propre inconscient, ou de nulle part.

mardi 9 janvier 2024

Les premiers morceaux de Maelifell – ou plus exactement de ce qui allait devenir Maelifell – ont été écrits et enregistrés vers 1994-1995.

Xavier et moi étions encore au collège et écoutions essentiellement du heavy metal, de la cold wave, et Dead Can Dance, que nous pensions unique dans son genre (et de fait, cela n'est pas entièrement faux). Je connaissais l'existence du black metal mais n'en avais jamais écouté.

À la même époque, j'enregistrais également seul, pour un groupe que j'avais appelé Hesperides Garden et qui a connu un maximum de... deux membres. Deux guitaristes, pas de basse, pas de batterie, pas de clavier ; on était encore loin de ce dont je rêvais. Mais il m'arrivait de louer des claviers au magasin de musique local et d'enregistrer des morceaux seul. Certains sont sortis sous le nom Hesperides Garden, d'autres ont fini sur la première démo de Maelifell.

Ce que je veux dire à travers ces anecdotes est que même si Maelifell (je n'ai aucune intention de le nier ou de réécrire l'histoire) a été porté, encouragé, désinhibé par notre découverte du black metal et de groupes comme Mortiis, fondamentalement, nous existions déjà avant de les connaître, nous avions une esthétique propre, des thématiques propres, et notre background vient autant du post-punk et de ses mutations que des mutations du metal (le "dungeon synth").

Maelifell a croisé l'histoire du dungeon synth (tout comme il a croisé plus tard celle des milieux néoclassique / darkwave) mais ne lui appartient pas et n'a pas été déterminé par lui.