dimanche 16 mars 2014

J'avais, adolescent, vers l'âge de 14 ou 15 ans, loué un "synthé" Kawai au magasin de musique que nous fréquentions, et où je prenais mes cours de musique. Je l'avais installé dans la cave, avec à côté le vieux magnétophone sur lequel j'écoutais mes cassettes depuis l'enfance. J'ai découvert en l'utilisant, avec un plaisir mental indescriptible, la possibilité d'enregistrer sur un séquenceur, même primitif, de multiplier les phrases musicales, les couches, les rythmes, plaisir complètement "banal" voire fastidieux aujourd'hui...

J'ai composé plusieurs petits morceaux, dont je n'ai aucun souvenir aujourd'hui. Il me semble que j'y utilisais pas mal de percussions, des cloches... Influencé que j'étais, lourdement, par Dead Can Dance, et les fonds sonores "dark ambient" et assimilés qu'on pouvait entendre à l'époque sur France Culture (notamment du The Moon Lay Hidden Beneath a Cloud et Muslimgauze, mais je ne connaissais pas leurs noms alors). Ces morceaux furent enregistrés sur une cassette au magnétophone, qui est donc historiquement ma toute première "démo". Elle fut un peu oubliée avec le temps, je n'y attachais pas une importance démesurée ; il me semble que Xavier, à qui je l'avais prêtée, avait fini par la perdre, ou l'effacer. Cette perte, je n'en ai pris conscience que des années plus tard, perte qui m'apparaît aujourd'hui comme centrale.

Les problématiques autour de l'œuvre perdue, de l'œuvre oubliée, incomplète, mal retranscrite, parasitée, apocryphe, incertaine, etc ... que j'ai développées, une bonne quinzaine d'années après, et que j'essaie d'intégrer à mes écrits (avec une certaine influence Borgésienne light, disons) comme à mes projets musicaux, viennent de là, de cette première démo dont il ne me reste rien de rien.