vendredi 20 janvier 2023

Je me suis aperçu d'une chose fondamentale et qui pourtant m'échappait ou que du moins je ne m'étais jamais formulée très clairement : je ne joue plus jamais de musique pour moi-même, pour le plaisir, dans le seul but de batifoler au milieu de mes instruments et de mes sons préférés ; tout ce que je fais est utilitaire, je n'allume mes instruments que pour composer et enregistrer dans la foulée, et quand je le fais c'est avec un projet de disque bien précis, au contenu déjà déterminé dans ma tête. Et ma façon de jouer, ma façon d'écrire un morceau est très froide, "professionnelle", consciente, etc. Je ne laisse à peu près aucune place au hasard, à l'accident, à la folie. Je ne le fais plus, si tant est que je l'ai fait, en tous cas.

Xavier, au contraire, et c'est en l'observant que je me rends compte de mon propre fonctionnement, fait exactement l'inverse : il ne joue que pour lui, pour le plaisir, sans s'enregistrer, sauf si je le supplie littéralement de le faire, et jamais il ne se demande ce qu'il va faire de ses compositions.

Quand nous terminons un album, il ne s'intéresse pas spécialement à la pochette, au titre, au nom du projet, au "concept" qui englobe le tout. Il oublie rapidement ce que nous composons et quand au bout de X mois je lui donne une cassette ou une clé USB contenant notre oeuvre terminée, il redécouvre entièrement notre musique et je dois presque le persuader qu'il s'agit bien de nous, et pas de moi seul.

Moi je suis obsédé par la notion d'album, par l'album en tant qu'objet intellectuel et oeuvre fondamentalement multimédia, où la musique ne va pas, ne peut pas aller sans un accompagnement visuel, et littéraire, sans le storytelling qui entoure ses conditions de production, etc.

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